- Nom alternatif : Kim Owen / 김오왼
- Nom réel : Kim Hyun Woo / 김현우
- Date de naissance : 13/10/1991
- Statut : en activité
- Début : 2014
- Genres : Hip Hop, Rap, Old school vibes, East Coast, Rap conscient, Rap Poétique
- Label / Agence : Mkit Rain (2016)
- Appartient aux groupes : MKIT RAIN (2016), Sous Chefs avec pH-1 (2017), Wons N Dollas avec Dope’Doug (2018)
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Disclaimer
Si l’artiste présenté ici peut facilement être considéré comme un artiste important de la scène Hip-Hop coréenne actuelle, l’homme derrière a néanmoins fait l’objet de différents scandales. Je ne reviendrai que brièvement sur ceux-ci en tant qu’ils ont eu une influence sur la carrière du rappeur mais l’objet de cette page n’est pas de contribuer à la polémique.
Il me semble cependant important de souligner que si Owen n’a vraisemblablement pas lui-même commis d’actions concrètement répréhensibles juridiquement, comme ont déjà pu le faire d’autres artistes ; ou que s’il n’est probablement pas le premier à tenir de tels propos, cela ne change en rien le fait que le discours qu’il a pu avoir reste hautement condamnable et ne contribue pas à l’aboutissement d’une société tendant au respect mutuel et à l’égalité.
Je dois également reconnaître qu’à ma connaissance l’artiste n’aurait depuis pas donné de véritables excuses et je ne peux que souhaiter que ce fait changera à l’avenir !
Owen Ovadoz de son vrai nom Kim Hyun Woo est depuis 2016 un rappeur membre du label indépendant/Crew Mkit Rain fondé entre 2015 et 2016. Sous-chefs scelle aussi depuis 2017 sa collaboration avec le rappeur pH-1.
Kim Hyun Woo est né à Séoul le 13 octobre 1991. En 1999/2000, âgé de 8/9 ans, il déménage avec sa famille dans le New Jersey où ils restent jusqu’en 2005. Owen a alors 13/14 ans lorsque sa famille décide de rentrer en Corée du Sud. Il ne retournera aux Etats-Unis qu’en 2017, soit 12 ans plus tard.
Ces déménagements ont eu un apport significatif sur l’artiste que l’on connait aujourd’hui. D’abord sur sa personne ; Owen a souligné à plusieurs reprises qu’il avait tendance à se sentir mieux aux Etats-Unis notamment du fait de la différence de mentalité avec son pays d’origine. La liberté d’expression est en effet une valeur fondamentale pour lui, une valeur difficilement compatible avec l’étroitesse d’esprit, dont, d’après ses dires, la société coréenne pourrait parfois faire preuve. Il confie que la société coréenne serait une société de la réprimande, du jugement où les individus seraient constamment mis en position de culpabilité. La scène musicale coréenne, et notamment les célébrités, seraient les premières concernées par ce phénomène, et il espère donc pouvoir contribuer à une ouverture de sa société natale.
Mais cette influence américaine se retrouve aussi dans son identité musicale. Si le premier album que le rappeur a acheté est un album de P-Type (qu’il a depuis eu la chance de rencontrer) ; l’influence de la scène East Coast sur l’artiste est immanquable (un exemple plus que probant serait le morceau Youth à la vibe Old School tiré de son album Problematic paru en 2017). C’est en effet aux ondes de l’Ipod Nano de son ainé de 8 ans qu’Owen a été initié au rap ; grandissant avec les sons de Big L , Tupac, The Roots ou encore Big Pun.
Si nous pouvons être reconnaissant.e envers le grand frère du rappeur d’avoir eu une telle influence ; il est aussi important de souligner le rôle non négligeable qu’il a eu sur la concrétisation de celui qu’on appelle aujourd’hui Owen Ovadoz. Longtemps, Kim Hyun Woo a vécu une vie des plus normales. Il a pratiqué le basket ball pendant 6 ans et aimait s’adonner aux jeux vidéo tels que la licence Pokémon. Aussi, lorsqu’Owen a confié sa volonté de devenir rappeur, ses parents n’étaient pas forcément des plus favorables ; là où son frère lui aurait au contraire apporté un soutien sans faille. Néanmoins, ses parents ont respecté son choix à la condition qu’il réalise un parcours universitaire classique avec une majore en anglais afin d’avoir la possibilité de devenir professeur en cas d’un succès insuffisant. La question ne se pose plus vraiment aujourd’hui puisque depuis son service militaire Owen Ovadoz se consacre exclusivement à sa carrière de rappeur.
Une carrière qui débute avec Show me the Money III
Si Owen Ovadoz a participé à la 3e et 4e édition de l’émission coréenne de compétition de rap Show Me The Money , c’est bien Show Me the Money III (SMTM) en 2014 qui marque le début officiel de sa carrière. A l’époque, le rappeur n’a pas de tracks à proprement parler et cherche à se tester alors qu’il vient d’achever son service militaire. Le show lui a donc donné une certaine exposition (brève il faut le reconnaître) mais lui a surtout permis de se confronter à d’autres rappeurs ; d’évoluer grâce à leur regard critique mais aussi de garder contact avec certaines personnes du milieu comme The Quiett à l’issue de la 4e édition.
Un artiste ouvert aux collaborations
Riche de ces expériences, Owen ouvre un compte SoundCloud où il diffuse ses mixtapes Part 1 : Owen et Part 2 : Ovadoz, en parallèle, il s’illustre aussi sur le duo ODB avec le rappeur à Debi Ben David avec qui il va faire deux mixtapes ODB Part 1 : ODB en 2014 et ODB Part 2 : Move Da Culture en 2015, mais aussi quelques collaboration en 2016, leur amitié n’est cependant plus d’actualité puisque Debi a sorti une diss track en novembre 2017, Ovadozed où il critique l’opportunisme dont ferrait preuve Owen, selon lui, Ovadoz privilégierait en effet l’argent à la véritable création (N.d : Owen a répondu avec Tho You don’t know, mais son message n’est pas vraiment très clair, très général, Hiphopkr propose un très bon résumé de l’histoire, vous pourrez trouver les liens à la fin de l’article). Ces événements mis à part, musicalement leurs collaborations étaient vraiment très bonne, une vraie osmose semblait unir les deux artistes… Néanmoins pour ce qui est de l’audience, c’est véritablement la collaboration avec Nafla en 2015 sur le morceau Locked and Loaded qui ouvre l’une des premières ruptures majeures de sa carrière. Cette rencontre est un peu le fruit du hasard. Owen découvre Nafla par le biais de la Mixtape Gold Race du rappeur Incredivle sur la track 63빌딩, où Nafla donne de son rap pour un featuring. Impressionné par le flow du rappeur ; Owen le contacte et Nafla lui répond quelques mois plus tard avec une proposition de collaboration sur le morceau Locked and Loaded (L.s.v : on peut déjà voir Young West et Bloo dans le MV)
Si les rappeurs vont garder contact, Owen va néanmoins rester indépendant encore quelque temps avant d’intégrer le Mkit Rain. Durant ce laps de temps, il enregistre le très bon P.O.E.M, son premier album studio paru en janvier 2015 comptant des collaborations avec les rappeurs Paloalto, Okasian, Nafla, Loopy, pH-1 ou encore ELO et LIVE.
En parallèle il est approché par le collectif Dream Perfect Regime (DPR) qui a pour idée de proposer une version coréenne du Hmmm Freestyle par le crew Hott Headzz afin de donner plus de visibilité à la scène KHip-Hop. Et on peut dire que le pari est réussi ! Le Eung Freestyle, dont la vidéo a été publié en avril 2016 sur la chaîne Youtube du collectif DPR, a fait une véritable percée sur la scène mondiale, et à mérite !
Fort de ces différentes expériences et comme le courant était bien passé avec les membres du crew, il intègre le Mkit Rain la même année. Si Loopy, Nafla et Bloo constituait déjà un noyau dur à Los Angeles, les trois partageant une identité musicale plus West Coast, marquée par la vibe de L.A. ; cela n’empêche pas à Owen de s’intégrer très vite. Le crew, qui très rapidement va devenir un label indépendant, s’enrichie depuis de ces différentes influences musicales. (N.d : plus de précision sur les projets du Mkit Rain ici). Loopy a même confié que le label se reposait beaucoup sur Owen du fait de sa grande expérience tant en terme d’écriture que de prestations scéniques.
Depuis SMTM3 il entretient également une collaboration régulière avec pH-1 qui s’officialise en Mars 2017 avec le duo Sous Chefs et les M.V Cookin’ et New Wave Attitude. Les deux rappeurs à l’influence East Coast (N.d : pH-1 a vécu quelques années à New-York) sont très vite devenus de véritables amis (sa collaboration favorite dans l’album Problematic étant d’ailleurs le morceau Cloud 9 en feat avec pH-1). Dans une interview de 2017, Owen laisse entendre que le duo envisagerait de sortir un album ensemble.
Un rappeur prolifique
Avec deux mixtapes et trois très bons albums en près de quatre années de carrière, la carrière solo d’Owen Ovadoz est déjà plutôt conséquente. Et pour cause ; le rappeur écrit comme il respire, le morceau City dont le M.V est paru en mars 2016 sur la plateforme Youtube aurait par exemple était écrit en 5 minutes alors qu’il se rendait à Los Angeles pour une collaboration avec le duo de beatmakers Groovy Room. De même, l’enregistrement de la partie rap de son album P.O.E.M n’aurait pas pris plus de 2/3 mois. Plus généralement, il explique dans une interview que l’élaboration de ses morceaux se déroule souvent ainsi : il écoute des productions musicales puis commence à écrire selon son inspiration et les sujets ou thématiques qui lui viennent. Il ne produit pour l’instant pas lui-même, préférant acheter des prod sur lesquelles poser. Il n’écarte néanmoins pas l’idée d’un jour produire ses instrumentales lui-même, mais il préfère attendre que son activité de rappeur soit plus rémunératrice. D’ici là, il préfère se consacrer pleinement à ses textes auxquels il attache une très grande importance.
Son premier album P.O.E.M porte en effet ce nom car il explique avoir toujours souhaité que ses paroles, le son qu’il partage, soient plus poétiques. Ce nom a alors pris sens.
Lorsque l’on écoute ses albums, on se rend vite compte de la dimension personnelle que peuvent prendre certains morceaux. Il a par exemple une affection particulière pour le morceau Hip-hop de l’album P.O.E.M. C’est un morceau où, selon ses mots, il aurait « déversé son âme ». De même pour son album Problematic paru en septembre 2017 à la suite du premier scandale Instagram impliquant le rappeur Neil qui aurait sollicité des photos nues d’une fan mineure et qu’Owen aurait défendu face à la vague de condamnations.
Je ne reviendrai pas plus sur cette histoire car je ne l’avais pas vraiment suivi, j’en ai justement entendu parlé lors de mes recherches pour cet article, néanmoins tout jugements personnels mis de côté, de tels actes ne sont effectivement absolument pas acceptables, en aucune façon.
Pour en revenir sur l’album Problematic, avant le scandale, Owen avait déjà un projet en cours, Campfire et il aurait alors choisi une autre direction afin de justement réfléchir à ces événements ce qu’il explique dans Kurt Cobain le morceau introductif de l’album.
Il semble aussi que ce soit le fil directeur de son album Changes paru en avril 2018.
A l’avenir Owen ne s’interdit pas non d’inclure plus de chant, le rappeur ne se donne pas de barrière et cumule les performances lives.
Comment définir Owen Ovadoz ?
Le scandale impliquant le rappeur Neil n’a vraisemblablement pas suffit à Owen qui s’est de nouveau retrouvé sous le feu des critiques suite à ses propos plus que douteux et misogynes à l’égard des femmes blanches lors d’un live Instagram en octobre 2017. Son post Instagram à l’issue de cette tourmente a plutôt empiré la situation et le rappeur n’a, à ma connaissance, pas donner de véritables excuses depuis.
Comme dit au début de cet article, De tels propos sont bien évidemment condamnables et je vous invite plutôt à prendre cette histoire comme un exemple à ne pas suivre. Sa carrière en a d’ailleurs beaucoup pâti, à juste titre, et Owen en a vraisemblablement conscience si l’on en croît une récente interview de la chaîne Youtube NunReacts. Il a été d’autant plus critiqué qu’il tend à se définir comme un rappeur conscient, ce qui peut être vu comme paradoxale au vu des scandales qui le concernent.
Aussi, sans tomber dans la psychologie de comptoir, Owen Ovadoz est un personnage plutôt ambivalent, surtout si l’on en croit les allégations de Debi Ben David et notamment le :
« I believed in you but in the end you’re full of contradictions »
Je croyais en toi mais finalement tu es plein de contradictions
Ovadozed, Debi Ben David
Résultat, Kim Hyun Woo compte autant de partisans que de détracteurs quand il s’agit des différents scandales dans lequel il est impliqué.
Finalement c’est peut-être son nom de scène qui le définit le mieux. Comme son ami Bewhy, la religion semble prendre une place prégnante dans la vie du rappeur puisqu’il multiplie les références au christianisme encore récemment dans Hurt 6e morceau de l’album du Mkit rain : Public Enemy « Thanking mighty Jesus you my righteous Leader – Je te remercie Jésus tout puissant, mon juste guide », ou encore le M/V de City qu’il dédie « à tous ces fans autour du monde et à Jésus ». Mais plus encore, le nom de scène de Kim Hyun Woo serait lui-même tiré de la bible, de l’évangile selon Matthieu. Owen représenterait en coréen le fait de tendre l’autre joue, « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend lui la joue gauche », d’être généreux. Ce serait le côté lumineux, le bon. Tandis qu’il donne plusieurs sens à Ovadoz. Overdose d’abord, en tant que sa musique rendrait dépendant, mais aussi sa partie sombre, le mal.
Owen Ovadoz semble être conscient de ses propres démons comme il l’explique dans ses chansons, ou encore dans l’interview mentionnée ci-dessus. Et il l’assume, il explique dans cette interview que quoi qu’il puisse dire ; il en est toujours conscient et en supporte les répercussions. Mais il semble aussi prêt à changer, notamment car il est rattrapé par une réalité matérielle. Contrairement aux accusations citées plus haut, ce ne serait pas pour l’argent en lui-même comme il l’explique dans la chanson éponyme de son album Changes, mais pour pouvoir être apte à soutenir ses proches, le label (N.d : Le but ici n’est vraiment pas de prendre parti, il s’agit simplement d’une exposition des faits connus, sans jugement). Dans une autre interview de 2017 il avait déjà mentionné qu’il essayait de se mettre à la méditation, à la randonné et à l’inverse de sortir moins.
Mais c’est aussi un artiste très clairvoyant sur la société qui l’entoure, il est très critique sur le fait que les gens ont tendance à se contenter de suivre le système, ce dont le Hip-Hop pâtirait en Corée du Sud. Pour lui la société coréenne aurait tendance à être trop superficielle, n’appréciant pas le Hip-hop en tant qu’art mais plus pour l’image qui entoure cette scène. Il reproche notamment à SMTM de tromper les jeunes, qui, le regard plein de paillettes, s’engagent dans le rap sans se rendre compte de l’implication que cela demande, de la dure réalité qui est cachée par le succès d’une minorité. Pour Owen, devenir rappeur ne se fait pas du jour au lendemain, selon lui, un professeur doit connaitre sa matière tout comme un rappeur doit connaitre le rap.
Et si cette leçon prend sens, on ne peut qu’espérer qu’il trouvera un aboutissement dans sa quête pour « devenir une meilleure personne ».
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